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AGATHE MAX, MUSICIENNE ET GÉOLOGUE DE LA COMPLEXITÉ

Artiste contemporaine lyonnaise ayant étudié aux Arts appliqués de Genève, Agathe Max est violoniste et évolue dans la scène expérimentale noise. Signée sur Xeric, marque du prestigieux label américain Table of the Elements – Tony Conrad, John Cale, La Monte Young, Rhys Chatham –, elle évoque ses projets musicaux récents et futurs et revient sur les fondements de son art.

On a pu te voir cet été sur la scène du festival de musique expérimentale Berles Rock ( VD ), pour une collaboration avec Rhys Chatham, musicien contemporain mythique de la scène new-yorkaise minimaliste des années 80. Comment est-ce arrivé?
J’ai rencontré Rhys à Genève lors de son fameux G3 (Guitar Trio, œuvre originellement prévue pour trois guitares électriques, ndlr), auquel j’ai participé. Nous avions calé une répétition dans l’après-midi. Rhys avait griffonné une partition, ou plutôt une intention de jeux. J’ai adoré la spontanéité de ce projet. On s’est revus quelques mois plus tard à Paris, chez lui, pour des sessions violon et trompette. En plus de ça, passionné d’astrologie, il m’a fait mon thème astral: très instructif ! Au Berles Rock, la collaboration avec Rhys était encore une fois très enrichissante et la rencontre avec Helen Money (violoncelliste américaine, ndlr) vraiment fantastique. Le concert était assez épique car ponctué de coupures d’électricité! Nous avons fini le concert en acoustique alors que nous avions prévu une partie hyper noise, c’était très drôle !

Que représente la musique contemporaine expérimentale pour toi?
La musique classique a été la pierre fondatrice de ma formation. Jusqu’à ce que je me tourne vers la musique improvisée. Et c’est à la même époque que j’ai découvert la scène noise new-yorkaise par Sonic Youth. Jusque-là, je n’écoutais que de la musique classique ! Par extension, ce groupe m’a ouvert des portes sur toute une scène expérimentale. J’étais également passionnée de musique indienne, et découvrir La Monte Young, Terry Riley, Henry Flint, Tony Conrad, etc. a été une sorte de révélation. J’aimerais pouvoir atteindre un son ultime regroupant mes diverses influences, de la folk polonaise des années 60, aux B.O. de films des années 80. En regardant ma collection de disques, je me dis qu’il y a un côté vraiment schizophrène !

La musique est-elle une manière d’exprimer ta vision du monde?
J’essaie de montrer que ce que je propose est possible et existe déjà. Un son, un espace qui porte loin, qui soit aussi complexe et saturé que le monde qui nous entoure.

Parfois, je me vois comme une espèce d’antenne qui canaliserait l’énergie environnante et la retransmettrait à travers l’instrument, surtout en mode improvisation.

La structure des boucles superposées les unes sur les autres amène également une idée de géologie des sons, comme un parallèle avec la superstructure qu’est l’univers, cet amas de couches superposées. Un ami lyonnais avait qualifié ma musique de tectonique du violon, je trouvais l’idée très intéressante… mais pas à cause des danseurs de tecktonik bien sûr !

La scène musicale dont tu fais partie est non conventionnelle, en dehors des créneaux commerciaux. As-tu toujours voulu te situer en marge?
Être en marge est plutôt une nécessité, je ne me vois pas faire les choses autrement. Et c’est un sentiment que j’ai très vite ressenti aussi bien dans ma vie quotidienne que dans mes activités artistiques. Alors bien sûr, cela demande des sacrifices car je ne vis pas de la musique que je fais, même si j’aimerais pouvoir ne faire que ça ! C’est assez paradoxal.

Que doit faire une femme pour évoluer dans ce milieu traditionnellement masculin?
Être encore plus en marge !

Quid de tes projets actuels ou en vue?
Je prépare un nouvel opus pour début 2011, un projet avec Yoko Higashi et Marion Coudert qui s’appelle Octobriana, et encore un autre projet avec Marion, Slashers, dans un genre plutôt stoner, une musique du désert sur des projections vidéos. Peut-être une musique de film et un quatuor à cordes amplifiées.

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