bande originale
ELECTRELANE KRAUTROCK ET LÉGÈRETÉ
De gauche à droite : Ros, Mia, Verity et Emma
Le bon enfant festival veveysan Nox Orae accueillait le retour sur scène d’Electrelane en août passé. L’occasion d’échanger quelques mots avec Mia Clarke et Emma Gaze, la guitariste et la batteuse du groupe.
Electrelane a laissé son public sans voix après une tournée de lives jubilatoires en 2007 et tout de suite après, l’annonce abrupte de l’arrêt de ses activités, un « hiatus » à durée indéterminée.
Actif depuis 1998, le groupe a sorti régulièrement des albums depuis 2001 : le premier, Rock It To The Moon, magnifique et aérien ; le ludique The Power Out (2004) ; l’expérimental et sombre Axes (2005) ; et le dernier en date, No Shouts, No Calls (2007), plus accessible et percutant. Les quatre jeunes femmes de Brighton ont consacré leur temps à des tournées bien remplies de petits clubs en festivals et au bout elles ont jeté l’éponge, fatiguées par tant de route et de compromis avec leur vie privée. Electrelane fait partie de ces groupes dont le talent permet de transmettre au grand nombre des sons parfois âpres et des influences exigeantes. Leur secret pour y arriver : ne pas se prendre au sérieux.
Qu’est-ce qui a changé après quatre ans de pause?
Emma : « On a vieilli (rires) »
Mia : « Oui, simplement par le fait de devenir plus âgées, on approche les choses différemment. Je pense que l’on a toutes eu le temps de réfléchir à la manière dont on se traitait les unes les autres et on a opéré quelques changements. Avant le hiatus, le groupe passait avant tout le reste, c’était difficile à vivre. Maintenant, heureusement, ce qui nous est cher individuellement est la priorité. »
Emma : « On avait besoin de cette pause, elle a été positive à tous points de vue. On a toutes grandi. Tout le monde s’est marié, certaines avec leur femme, certaines avec leur mari. Pour ma part, j’ai rencontré ma femme et déménagé à Los Angeles, je me suis formée à la peinture de décors pour le théâtre et la télévision, on a acheté une maison, un chien, deux chats (rires). »
Mia : « De mon côté, j’ai un projet musical avec mon mari, « Follows ». Pendant la pause, j’ai épousé mon mari, déménagé à Chicago et commencé un diplôme en anglais et psychologie. J’ai aussi une chronique hebdomadaire dans le Time Out de Chicago à propos de musique classique. »
Allez-vous reprendre le groupe?
Mia : « Emma et moi vivons aux États-Unis maintenant. Verity et Ros vivent à Londres. On a toutes des activités complètement différentes du groupe. Cela dépendra uniquement des disponibilités de chacune. »
Emma : « On aimerait faire un nouvel album, mais peut-être dans deux, trois ans, on ne sait pas. »
Vous avez expérimenté, vous vous êtes tournées vers des choses plus pop. Avez-vous déjà discuté de la direction musicale à venir ?
Emma : « De toute manière en général on n’en discute pas, on joue et il en ressort rien ou quelque chose. On ne se dit jamais : « faisons un morceau disco ». Peut-être que le son d’un album peut nous intéresser, mais ce n’est jamais plus spécifique que cela. »
Mia : « Nous avons des influences évidemment, mais les choix ne sont pas conscients. On ne fait pas de plans à l’avance. »
Emma : « Le dernier album était plus pop parce qu’on était à Berlin ensemble pour l’écrire, c’était l’été, on vivait une période heureuse. »
Mia : « En comparaison avec Axes qui a été écrit dans une période plus sombre et ça s’entend sur le disque. On se sent très libres de faire ce que l’on a envie de faire. Il n’y a pas de « on ne peut pas faire ceci, on ne peut pas faire cela ». »
Emma : « Exactement, et des fois on fait des trucs pour s’amuser, comme sur le morceau Business Or Otherwise, sur Axes, qui fait Be-dum-dum-ma-nou-iii-wiii-pum-pum (chanté). Des fois c’est drôle de faire des choses bêtes. On rit beaucoup. »
Avez-vous dû prouver que vous étiez musiciennes plutôt que «des femmes qui font de la musique»?
Emma : « Quand on était plus jeunes, cela pouvait arriver que l’on doive défendre notre statut de musiciennes à cause de notre inexpérience, mais avec un peu d’assurance, l’approche a changé. Si vous débarquez à un soundcheck sans expérience, il peut arriver qu’on ne vous prenne pas au sérieux, mais depuis quelques années, on sait exactement quel son on veut, ce que l’on veut. Si un gars dans la pièce fait un commentaire stupide – ça n’arrive pas très souvent –, on finit toujours par en rire. »
Personne n’est jamais venu changer vos réglages sur vos pédales d’effets à votre place?
Emma : « Oui, mais c’est un gars tous les quinze concerts.
Évidemment, il y a toujours un peu de sexisme ou de paternalisme, mais l’effet de la remarque dépend toujours de comment on y réagit. C’est toujours tellement mieux d’en rire que de s’énerver. Si on s’énerve, cela gâche le moment que l’on est en train de passer. Et d’ailleurs, avec Electrelane, on sait ce que l’on veut, alors ça n’a pas d’importance. » .
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