souffrir pour être belle? toi-même!

FAUT-IL SOUTENIR LES ROBERTS?

De la revendication pour la libération des seins des Suédoises au diktat de la mode pour la compression mammaire, nos lolos en voient des vertes et des pas mûres!

Dès la puberté, nous, les filles, nous empressons de nous parer la poitrine de cet accessoire symbole de maturité physique: le soutien-gorge. Il nous accompagne ensuite dans nos divers univers: sortir, étudier, faire du sport, travailler, séduire. Coquet, le soutif peut se montrer coquin. Son usage n’est toutefois pas obligatoire et le choix d’un modèle de soustingue ne se fait pas uniquement selon ses caractéristiques esthétiques ou déformantes, mais aussi selon des critères de confort. La dentelle, c’est très joli, mais si ça me pique les miches toute la soirée, non merci. Je peux toujours garder le modèle «joli mais qui gratte» pour les moments dont la spécificité est de le retirer rapidement. Pour le reste, une seule règle: si je suis soulagée de l’enlever, le soutien-gorge peut se remballer. Compresser les nichons ou les vaisseaux qui les irriguent durant la croissance et même après n’est clairement pas une bonne idée.

Petit tour dans l’Histoire

Depuis l’Antiquité, les femmes utilisent des accessoires pour modifier leur morphologie. En 400 av. J.-C., les femmes grecques se bandaient le buste et les hanches pour cacher leurs attributs féminins qui, à cette époque, étaient méprisés par les mâles qui les aimaient plates. En Inde, par contre, on aimait les gros seins en référence aux divinités locales. La légende des guerrières Amazones nous dit qu’elles se coupaient un sein pour mieux tirer à l’arc. La chirurgie esthétique d’aujourd’hui est quant à elle bien réelle et se justifie par l’adaptation de l’apparence à des idéaux de beauté. Cela n’a plus rien à voir avec une lutte pour la survie. Le degré d’exposition de la poitrine est passé par tous les stades et diffère d’une culture à l’autre selon la situation religieuse et historique. Marie-Antoinette arborait des décolletés pigeonnants? Ceux-ci sont bannis par la Révolution. Il faudra alors attendre le début du XXe siècle pour que les seins se montrent à nouveau. Dès les années 1920, l’évolution technologique et celle des ma­té­riaux utilisés pour la création de vê­­tements fait poindre des bonnets de tailles différentes et des tissus plus confortables que le lin. Aujourd’hui, la diversité des modèles et des matières laisse une grande liberté de choix à l’utilisatrice.

Pourquoi ont-elles brûlé leur soutien-gorge?
Dans les années 1968 et suivantes, le soutif a été littéralement brûlé sur la place publique: moins pour des questions d’inconfort que pour ce qu’il symbolisait aux yeux des femmes qui s’étaient battues pour leurs droits fondamentaux. Le soutien-gorge est un accessoire exclusivement féminin, il symbolise le traitement différent que subissent les femmes quant à leurs droits. Le fait que certains soutiens-gorge compriment le thorax et le buste le rend sans doute particulièrement bien choisi pour symboliser la lutte contre l’oppression d’une société machiste. Plus récemment, un groupe de femmes en Suède a lancé une campagne pour obtenir le droit d’aller à la piscine «topless», c’est-à-dire seins nus (il y a déjà eu une première vague du sein nu dans les années 70, peu à peu passée de mode dans les années 90, certainement en rapport avec la force du soleil et des rayons UV qui burinent la peau particulièrement fragile des seins). Leur mouvement «Bara bröst» («juste des seins» en suédois) dénonce les règles culturelles et sociales discriminantes pour les femmes. Loin de vouloir transformer les piscines en lieu de débauche et de perdition adultère, elles demandent simplement d’avoir les mêmes droits que les hommes, en posant l’hypothèse que ces derniers sont capables de ne pas agresser une femme parce qu’elle porte un monokini. A nouveau, la gravité de l’atteinte à la liberté des femmes n’est pas liée au seul port d’un soutien-gorge de bain, mais l’accessoire symbolise des règles ou des coutumes discriminatoires. Les pectoraux masculins sont laissés au vu et au su de tous (même des enfants!) sans que des hordes de femmes assoiffées de sexe ne se jettent sauvagement sur eux. Bien sûr, nos mœurs et nos habitudes sociales rendraient choquante la situation d’une femme qui attendrait le bus seins à l’air, alors qu’un homme peut le faire sans trop s’inquiéter de se faire insulter ou embarquer par les flics. Les mœurs changent, encore et toujours.

Ce que nous apprend la physique
La fonction de support physique du soutien-gorge est indéniable, notamment lors de la pratique d’un sport ou lorsque la poitrine est volumineuse. Il existe aujourd’hui des modèles souples et doux, si confortables qu’on les oublie. Dans le cas des modèles de bikinis qu’on nous balance sur les affiches publicitaires, l’argument du support mammaire semble faire défaut. Dès lors, le «Bara bröst» s’impose! L’attention des consommatrices de soutiens-gorge devrait se porter sur leur confort non seulement parce que le bien-être devrait être prioritaire, mais aussi pour la sauvegarde de leur santé (voir encadré).
Le mot de la fin: si un accessoire me procure un soulagement lorsque je l’enlève ou s’il me laisse des marques de compression sur la peau, ne devrais-je pas me demander «est-il bon pour moi»?

Références:
http://www.archivesdufeminisme.fr
http://www.nouvelobs.com
Wikipedia – «Soutien-gorge»
Muriel Barbier, Shazia Boucher, Les dessous féminins, Parkstone, coll. «Temporis», 2005
http://degasne.over-blog.com/
http://seinslibres.neuf.fr/fr/bienvenue.htm
European Journal of Cancer and Clinical Oncology, Breast size, handedness and breast cancer risk, Volume 27, Issue 2, 1991, Pages 131-135, C.-c. Hsieh, D. Trichopoulos

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