sur le vif
Black Movie 2017
Black Movie
Festival International de Films Indépendants – Genève
18ème édition
20 – 29 janvier 2017
Films de fiction, documentaires, projets expérimentaux, animation en provenance des quatre coins du monde s’entrechoquent durant 10 jours à Genève. À la fois sombres et lumineux, à l’image de l’affiche crépusculaire qui dévoile lorsqu’on l’éclaire les palmiers d’une mystérieuse plage presque déserte… Une nouvelle déferlante d’images et de sons qui entraînera les publics dans un tourbillon esthétique, physique et psychique!
Lieux principaux
Maison des Arts du Grütli, Cinéma Spoutnik, Cinélux, Alhambra
Lieu central (Nuits Blanches): Kalvingrad (aka Blackingrad)
ABUS DE POUVOIR
Depuis que le monde est monde, le pouvoir tentateur fait tourner les têtes. C’est la lutte de la mémoire contre l’oubli, les réalisateurs/trices de cette section en épinglent les dérives sous toutes leurs coutures, de la corruption généralisée ou individuelle (An Insignificant Man, Blessed Benefit, Glory, Kapatiran, The Teacher, We Have Never Been Kids) à la prise de décision arbitraire (Curumim, My Land, Seoul Station), de l’immigration mal encadrée (Amerika Square, Radio Dreams) au trafic d’influence médiatique (Collective Invention, Houston, We Have a Problem!), et ce dans des genres aussi différents que la comédie loufoque et la chronique dramatique.
My Land
Chronique urbaniste
Le gouvernement local de Beijing veut construire des immeubles d’habitation sur un terrain habité par de modestes maraîchers qui refusent de vendre leur terre. Dans ce film tourné sur une durée de cinq ans, l’anecdote devient épopée, et de simple maraîcher, le paysan prend l’étoffe d’un véritable héros.
Radio Dreams
Comédie décalée
C’est un grand jour pour la petite radio locale animée par des Iraniens exilés à San Francisco. Metallica a promis de venir jammer avec des rockers venus exprès d’Afghanistan. Les épisodes comiques se succèdent dans ce quasi huis-clos délicieusement atypique. C’est un regard neuf qui est jeté sur l’intégration avec un humour rappelant les grandes heures de Käurismaki.
BLACK POWER?
Prolongeant le combat commencé il y a plus d’un demi-siècle contre le colonialisme et la pauvreté, les films de cette section entrent en résistance contre un pouvoir autoritaire en Algérie (Contre-Pouvoirs), dénoncent la corruption et la reproduction sociale dans les universités maliennes (Les héritiers de la colline), s’ensablent au Maroc (Samir dans la poussière) ou s’ensauvagent dans une forêt touffue (The Last of Us), documentent un mouvement citoyen au Sénégal (The Revolution Won’t Be Televised), travaillent contre l’oubli en Ouganda (Wrong Elements) et nous rappellent que la lutte du peuple africain n’est jamais finie. Et pour prouver que les happy ends, ça n’existe pas qu’à Hollywood, ce programme contient aussi une fable heureuse sur une migration réussie (L’Africain qui voulait voler).
Contre-pouvoirs
Chronique politique
Plongée au cœur de la rédaction du quotidien El Watan pendant les dernières élections présidentielles. Les journalistes y débattent et s’interrogent sur le rôle de la presse et sa réelle capacité à influer sur le pouvoir. Comment informer dans un pays où la démocratie est menacée ? Poignant et implacable.
Les sauteurs
Témoignage politique
Au péril de leur vie, Abou Bakar et ses compagnons tentent chaque soir de sauter par-dessus les grillages de 6 mètres de haut qui séparent le Maroc de l’enclave espagnole de Melilla, seul passage possible vers une vie meilleure. Equipé d’une caméra par les réalisateurs, Abou Bakar filme la survie de milliers de migrants sur la colline surplombant l’Europe. Témoignage implacable de ces nomades du XXIème siècle.
Wrong Elements
Tragédie historique
Dès 1989 en Ouganda, 60’000 enfants sont enrôlés de force dans l’Armée de résistance du Seigneur (A.R.S), qui les transforme en tueurs de masse. Quinze ans plus tard, quatre des victimes-bourreaux reviennent sur les lieux du cauchemar auquel moins de la moitié des enrôlés a survécu et racontent avec une infinie douceur leur calvaire. Le lauréat du Goncourt Jonathan Litell réalise un film qui fera date en évitant tous les écueils inhérents à son sujet.
POST-MILLENNIALS
Très loin des millennials, ces jeunes nés entre 1980 et 2000 dans le bain numérique et très actifs sur les réseaux sociaux, les adolescent-e-s décrit-e-s dans les films de cette section se trouvent en pleine réalité physique! Sans interface technologique, ils/elles cherchent à se faire une place dans des sociétés qui semblent les avoir totalement oublié-e-s: Layla M. se radicalise, El Rato procrastine en jonglant (Los Nadie), Zooler oublie tout dans la fumée de ses joints (Une semaine et un jour), Laura ne sait comment gérer son nouvel état (Suave el aliento), Allar ne voit d’autre issue que celle de la délinquance (The Days That Confused) et les anges blessés (L’ange blessé) ne sont pas armés pour répondre aux attaques de la vie.
Layla M.
Tragédie romantique
A Amsterdam, une jeune femme musulmane opiniâtre et fan de foot ne supporte plus la xénophobie et le machisme ambiant. Son idéalisme la pousse vers l’islamisme radical. Mis en scène avec beaucoup d’intelligence, Layla M. évite les clichés et offre une vision crédible d’une problématique actuelle. La force du propos est soutenue par l’interprétation charismatique de la gracieuse Nora El Koussour.
SEXUALITES, ETC.
Les films de cette section gravitent autour du sexe et de ses possibles complications: un enfant perplexe au seuil de la puberté (Baby Bump), une serve multi-orgasmique condamnée par la société (La Belladone de la tristesse), des jeunes femmes bernées par leurs appâts (Karaoke Crazies), un quadragénaire victime de son désir (Suntan) ou des hommes qui chantent pour assumer leur sexualité (Weekends): autant de personnages illustrant la libido au pluriel, débridée, fatale ou graphique.
Baby Bump
Extravagance en split screen
Le sperme peut-il être considéré comme de la colle? L’urine est-elle une drogue? Le fluide glacial peut-il émasculer ou faire naître des seins? Autant de questions liquides soulevées par cette fantaisie 21ème qu’habite le couple malsain formé d’une mère poule et d’un fils en mutation.
Weekends
Documentaire LGBTA
Une chorale gay se retrouve tous les dimanches pour interpréter avec ferveur leurs propres compositions. C’est aussi l’occasion pour eux de s’épancher et de se serrer les coudes dans une société coréenne globalement homophobe. Weekends mélange allègrement documentaire émouvant et comédie musicale à plumes.
A SUIVRE…
La section phare du Festival se décline cette année en 9 films monstrueux! Un esprit malfaisant qui voisine avec le héros de Creepy, un organisme indéfini qui gouverne les sens des protagonistes de La región salvaje, un territoire démoniaque que ne veut pas voir le pêcheur du Net, une transformation mystique que traverse L’ornithologue, les monstruosités de la guerre que fuient les Ta’ang, un rituel effarant auquel se livre The Sister, un effroyable parcours que suivent les migrants The Road to Mandalay, des vampires possédés qui sévissent dans The Strangers, et enfin des jeux cruels qui occupent Yourself & Yours.
Les nouveaux opus des réalisateurs à suivre absolument sont des splendeurs cinématographiques qui vous explosent les neurones.
L’ornithologue
Quête iconoclaste
Un ornithologue à la recherche de l’oiseau rare se perd au bord d’un fleuve lusitanien et fait son chemin de croix entre alternant agonie et extase. Somptueusement mis en scène avec une succession de compositions picturales rappelant Fra Angelico ou encore Bellini, L’ornithologue mêle érotisme et icônes.