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LES DESSOUS DE GEORGETTE À LAUSANNE


Le quartier Georgette à Lausanne est divisé par une artère incontournable du centre-ville qui porte le même nom, et permet de relier, entre autres, l’avenue de la Gare à la place St-François. Du côté ouest de l’avenue, des cabinets de médecins et quelques boutiques aux enseignes usées par le temps s’opposent, par leur aspect et par leur situation géo­graphique, à des murs dressés comme des remparts devant les maisons basses et cossues du côté est. Quelle est l’histoire de ce lieu? Et qui était cette femme à qui l’on a attribué une avenue et un quartier entier?

Georgette était-il le prénom d’une célèbre romancière? Celui d’une docteure en médecine? Ou encore d’une championne de water-polo des années 30? Inutile de s’interroger plus longtemps, Georgette n’était pas une femme, mais un ruisseau! L’origine de ce toponyme remonte au XIIIe siècle. Son nom d’époque, Jarjata z, est un dérivé de «garga», qui signifie «la gorge». Il désignait un domaine appartenant au comte de Gruyère, terre plantée de vignes et traversée d’un cours d’eau. Mais alors si Georgette n’était pas une femme, qu’en est-il des autres rues lau­­­san­­­noises portant des prénoms fémi­­nins? Caroline, Maria Belgia, Solange et Madeleine sont-elles victimes de la même supercherie? Une résidente du quartier Georgette fournit une réponse aussi étonnante que captivante à ces questions.

Une écrivaine, une reine et…un attelage
C’est dans un appartement situé sous les toits d’un immeuble du square Georgette que vit depuis 48 ans Simone Chapuis-Bischof, membre du comité de l’Association pour les droits de la femme (ADF), anciennement appelée Association vaudoise pour le suffrage féminin (AVSF). D’après ses recherches sur le sujet, si les hommes qui ont marqué l’histoire sont abondamment représentés, il n’y a pas plus de sept rues lausannoises, dont Georgette, qui portent un prénom féminin. Parmi elles, on peut trouver une célèbre écrivaine, Isabelle de Montolieu, et Jenny Enning, qui légua une fortune importante à la Ville de Lausanne. Les autres font référence à une sainte (Madeleine), une famille royale (Maria Belgia), un attelage qui servait d’omnibus aux Lausannois (Caroline). Quant à Solange, c’était pro­ba­blement le prénom de l’enfant des propriétaires bordiers du chemin.
«Il est malheureusement difficile de rétablir ce déséquilibre, car la Muni­ci­pa­lité a décidé, il y a plusieurs décen­nies, de ne plus attribuer aucun nom de personnalités aux rues de la ville», relève Simone Chapuis-Bischof.

Les oubliées de l’histoire
Dans le cadre de la grève des femmes lancée par Christiane Brunner le 14 juin 1991, les membres de l’ADF-Vaud se sont mobilisées pour rebaptiser les rues de la cité le temps d’une journée, afin de rappeler avec humour que des femmes ont également contribué à l’émancipation du canton et qu’elles ont ainsi leur place dans l’espace public.

C’est vêtues de rose cyclamen qu’elles recouvrent les panneaux existants avec des pancartes portant le nom de pionnières, comme Antoinette Quinche, grâce à qui, en 1959, les Vaudoises ont pu être les premières femmes à obtenir le droit de vote en Suisse.

En 2003, une autre action est menée pour relancer le débat. Simone Chapuis-­Bischof et Martine Gagnebin proposent
l’unique projet consacré aux femmes lors des com­mé­­morations du bicentenaire du Canton de Vaud: faire connaître vingt femmes d’exception, ou­­bliées de l’histoire, en leur dédiant des plaques commémoratives posées à travers le canton.

Pour en revenir à Georgette, si ce topo­­nyme n’a jamais fait référence à une femme qui a marqué l’histoire, le quartier a pourtant abrité celles qui ont contribué à l’écrire. C’est dans un appartement situé à l’angle de l’avenue Georgette et de l’avenue Rumine qu’avaient lieu les séances de l’AVSF pendant la Première guerre mondiale. Depuis 1966, la fondation Profa fait également partie intégrante de la vie du quartier. Issu du militantisme des années 60, le centre médico-social propose des espaces de parole dédiés aux questions liées à l’intimité des hom­mes et des femmes, de tout âge et de tous horizons. Deux insti­tutions embléma­tiques unies par ce quartier, qui démontrent que Georgette dissimule avec malice ses dessous activistes, sous ses airs trompeurs de bourgeoise endormie.

Sources et références:
Du Salon à l’Usine: vingt portraits de femmes. Un autre regard sur l’histoire du Canton de Vaud, Corinne Dallera & Nadia Lamamra, CLAFV – ADFOuverture, 2003.
100 ans, Simone Chapuis-Bischof & Christiane Mathys-Reymond, ADF-Vaud, 2007.
Dictionnaire des rues de Lausanne, Etienne Corbaz & François Vallotton, Promoédition SA, 1985.
Eros en Helvétie, Mary Anna Barbey, éd. des sauvages, 1981, réédition 2009.

Comments
5 commentaires to “LES DESSOUS DE GEORGETTE À LAUSANNE”
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