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PLANNINGTOROCK: SE LIBÉRER DE TOUS LES GENRES


Derrière l’identité Planningtorock s’active Janine Rostron, musicienne et vidéaste anglaise basée à Berlin. À son actif, trois albums dont un opéra en collaboration avec le duo suédois The Knife, et le derni­­er, W, sorti sur le fameux label DFA.

Entre pop électronique et expérimentations sombres, vidéos de sa propre fabrication, performance et théorie queer, les pistes proposées par Janine Rostron sont multiples et savamment brouillées pour créer un langage artistique singulier et intriguant. La musique est belle et sombre à la fois. L’esthétique des vidéos, la manière dont l’artiste se transforme physiquement, se masque et retravaille sa voix, sont troublantes. Janine Rostron raconte comment elle conçoit son art, libéré de toutes limites.

Comment est venue l’idée de la collaboration avec DFA – label co-fondé par James Murphy de feu le duo LCD Soundsystem? Est-ce que vous vous êtes sentie libre de lui proposer ce que vous vouliez?
James m’a écrit un e-mail en 2006 pour me dire qu’il aimait Planningtorock et nous avons été de bons amis depuis ce moment-là. J’ai toujours été complètement libre quand il s’agissait de faire de la musique. J’ai sorti mes premiers EPs sur mon propre label Rostron Records. Je garde une position très indépendante et quand DFA ont montré de l’intérêt à sortir W, ils le savaient.

Quel est le point de départ de votre processus de création: la musique, la vidéo, ou la performance ? Est-ce que cette variété des supports vous permet de dépasser les frontières des genres artistiques?
La musique est toujours le point de départ. Un point de départ et le catalyseur des vidéos et du live. J’ai depuis le début été profondément intéressée à combiner ces langages. Cette combinaison est un très bon moyen de véhiculer des idées. Je ne pense pas en termes de frontières artistiques. Cette perception vient du dehors. Je n’ai pas de limites.

Est-ce que le fait de vous transformer physiquement est une manière pour vous de remettre en cause les questions de beauté, de féminité ou d’apparence en général?
L’apparence est un langage que j’utilise pour explorer des idées, des histoires, des pensées, le temps… Je ne pense pas en termes de «beauté».

Qui sont les artistes qui vous influencent?
J’ai toujours du mal à répondre à cette question. J’aime Leigh Bowery, j’adore Fatima Al Qadiri et son projet Ayshay. J’aime mes amis Creep et Oni Ayhun.

On peut lire sur votre myspace que vous êtes «born in Bolton, re-born in Berlin». Qu’est-ce que ce changement de lieu signifie pour vous?
J’ai déménagé à Berlin à peu près immédiatement après mon diplôme. Je pense que le plus grand impact que ce départ a eu pour moi a été le fait de devenir une étrangère. Cela m’a complètement libérée.

Croyez-vous dans le pouvoir de la transgression des genres, non pas artistiques cette fois, mais sexuels? Est-ce que vous êtes une porte-​drapeau de la théorie queer?
Oui, je suis très intéressée par la théorie queer et par le fait de rendre queer ma musique et mon art.

J’aime le terme «genre fluide», qui se démarque du système de genre traditionnel, immensément réducteur.

Celui-ci échoue à représenter la diversité et la profondeur de la sexualité humaine.

Avez-vous subi des difficultés dans votre activité, par le fait que vous êtes une femme?
On est face à des difficultés et des résistances quand on travaille en tant que femme dans le domaine musical à cause du manque d’égalité entre les sexes. Je me libère de ces obstacles à travers ma musique.

Êtes-vous une artiste ou une femme artiste?
Je me vois comme une productrice de musique et vidéaste queer.

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