sur le vif
La pomme d’Adam
Du 13 au 16 novembre dernier s’est déroulée la 18ème édition de Paris Photo, le salon international pour la photographie. C’est l’incontournable rendez-vous des spécialistes et des admiratrices de l’image du monde entier. George a choisi de se balader du côté des nouvelles galeries, plus particulièrement la galerie chilienne AFA qui a présenté une exposition thématique sur le travail de Paz Errázuriz, une invitation à un voyage poétique et intime dans le monde queer.
Née à Santiago en 1944, Paz Errázuriz réalise de subtils portraits des ceux et celles aux marges de la société «respectable». En 1989, Errázuriz fige avec délicatesse et respect les visages appartenant au milieu transsexuel de la capitale chilienne. Des hommes, des femmes, leurs mères, leurs amis et amies: les photographies, réalisées en majorité en noir et blanc, nous dévoilent un univers de moments volés, de petits détails soignés, d’intense tensions visuelles entre ses différents acteurs. Un regard intime que l’on trouve rarement dans d’autres représentations de «drags», auquel l’on préfère souvent des images pointant sur les paillettes et les coiffures, en recherchant un langage visuel portant sur ses exceptions les plus stéréotypées.
La série La Manzana de Adán (en français, «La pomme d’Adam») assume aussi un aspect politique important quand on pense que les photographies de Errázuriz ont été réalisées sous le régime de Augusto Pinochet, dans un quartier qui était tenu sous stricte surveillance pendant les années de la dictature. La dignité, les sourires, la mélancolie des visages de Errázuriz reflètent alors les sentiments d’un pays entier qui résiste, malgré tout, aux étouffements du totalitarisme.
Pour découvrir le travail de la photographe Paz Errázuriz: