Septembre 2010: léger buzz à l’autre bout du monde, suffisamment insistant pour mettre la puce à l’oreille de George: six lycéennes texanes (1) décident d’aller aux cours sans fard… Quelques semaines plus tard, elles sont rejointes par près de deux cents camarades! Leur but: prendre du recul par rapport aux images véhiculées par la pub et marcher sans «carapace derrière laquelle se cacher ». Elles arborent fièrement un T-shirt sur lequel est inscrit «Redefining Beautiful» et un teint tout frais.

Redéfinir la beauté, justement, ça intéresse George. Frau Doktor (p.8) s’en mêle et vous propose de lorgner dans le monde faussement parfait du maquillage. Avec son intransigeance habituelle, elle analyse les divers produits qui composent cette fine couche sous laquelle se dissimulent nos vieux complexes.

Pendant ce temps, nos deux performeuses de 6000 bornes (p.18) prennent rendez-vous dans des cliniques de chirurgie esthétique. Leur mission: obtenir un diagnostic plastique et se voir proposer une intervention (quasi divine) à grand renfort d’implants, botox, mastopexie, etc…
Dans ce mirage de la perfection, se rejoignent deux donnés souvent indissociables: une meilleure image de soi pour une plus-value sociale! En toile de fond, cliniques et cosmétiques utilisent comme argument la réparation de la blessure narcissique originelle .

Si le regard des autres contribue à notre identité, c’est bien souvent le « je » qui devient une autre, obsédée par un idéal de beauté impossible à atteindre. Un idéal qui rappelle les recherches eugénistes pour obtenir un patrimoine génétique parfait, comme dans «Bienvenue à Gattaca» (2)…
À quand des sociétés au quotient de beauté élevé?

Et si on choisissait plutôt de prendre les canons esthétiques à contre-pied pour inventer nos propres standards, à l’image du portfolia (p.41)? Un bout de scotch, des ballons à l’hélium, et le tour est joué pour se sentir légère, légère, légère… Gonflée, George?

1. www.star-telegram.com/2010/10/06/2526778/colleyville-heritage-girls-give.html
2. film d’Andrew Niccol sorti en 1997