sur le vif
festival BLACK MOVIE
Contemplatif, gore, déjanté ou ésotérique, Black Movie nous offre du 17 au 26 février un trip cinéma tous genres confondus dans d’autres cultures. La sélection 2012 est très éclectique, avec des repêchages de qualité (THE HOLE, AFTER LIFE) et des premières pour cinéphiles comme FAUST d’Alexandr Sokourov. En dehors des films asiatiques qui tiennent toujours le haut de l’affiche, le festival présente pour la première fois une série d’inédits en provenance de la Grèce.
Dans la cinquantaine d’œuvres au menu, un petit dix pourcent est le travail de cinéastes femmes. Une poignée de films de styles différents et d’excellente facture à ne pas rater, où la solitude et le recours à l’imaginaire, presque tous conjugués au féminin, figurent au premier plan.
Attenberg de Athina Rachel Tsangari, Grèce 2010
ATTENBERG
D’Athina Rachel Tsangari, Grèce
Marina, 23 ans, n’a jamais eu de relation amoureuse. Alors que son père entame le long parcours des traitements contre le cancer, elle s’éveille à la sexualité.
La scène d’ouverture va rester dans les annales du cinéma: deux filles se roulent un patin, ou plutôt, la plus âgée essaie d’apprendre à l’autre comment embrasser avec la langue. Ça se termine par un échange de crachats, avant que la paire ne se mette à faire les chats sur le gazon. Tout au long du film, les protagonistes imitent les animaux des documentaires de Sir Richard Attenborough – prononcé à la grecque, cela donne « Attenberg ». Une fiction animalière qui s’attache à observer un groupuscule humain, ses comportements et ses interactions: Marina et sa meilleure amie Bella, s’amusant à inventer des « silly walks » à la Monty Python ou crachant par la fenêtre ; Marina et son père, couple inséparable dont les échanges philosophiques vont passer aux discussions sur le sexe. Un film magnifique et tendre, qui infuse un absurde burlesque au quotidien de la Grèce actuelle. Notre coup de cœur de la sélection.
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Crulic de Anca Damian, 2011, Roumanie
CRULIC
D’Anca Damian, Roumanie/Pologne
La Roumaine Anca Damian a réalisé un bijou d’animation, intense et prenant, mélangeant allégrement dessin, peinture, collages, photo et prises de vues réelles. Un parti pris pour raconter une histoire basée sur des événements réels dramatisés par la fiction. La vie de Claudiu Crulic défile sous nos yeux, racontée de l’au-delà par son protagoniste. Emprisonné à tort pour la 2e fois, il entame une grève de la faim pour lutter contre l’injustice – et ironiquement, met sa vie en danger pour préserver sa santé mentale. Un peu VALSE AVEC BACHIR mâtiné de Marjane Satrapi, CRULIC a la puissance du film de Steve McQueen, HUNGER, dont il partage la thématique.
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Agua Fria de Paz Fabrega, Costa Rica 2009
AGUA FRIA
De Paz Fabrega, Costa Rica
Vacances au Costa Rica. La cadette et unique fille d’une fratrie de quatre multiplie les bêtises et fugue. Son chemin croise celui d’une jeune diabétique dont le fiancé cherche à vendre un terrain familial. Ici pas de grands drames, mais l’art délicat d’instiller un sentiment à l’écran. Paz Fabrega transmet ces moments de l’existence où l’on se sent complètement seule au monde, incomprise, déconnectée de ses proches, que l’on soit une petite fille ou une femme adulte. La réalisatrice manie la caméra avec brio. Des plans subjectifs travaillés, des dialogues en apparence anodins très éloquents, font état de la déconnexion plus ou moins subtile qui peut exister entre homme et femme, mère et fille, locaux et Américains. Des acteurs hors pair finissent de porter ce premier film plein de maîtrise d’une réalisatrice à suivre.
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Las Malas Intenciones de Rosario Garcia Montero, Perou/Argentine, 2011
LAS MALAS INTENTIONES
De Rosario Garcia-Montero, Pérou/Argentine
Pérou, 1982. Cayetana, 8 ans, vit seule dans une grande maison, entourée de bonnes et d’un chauffeur. On suit les méandres imaginaires de cette curieuse fillette, qui s’enferme dans un univers macabre peuplé des héros nationaux morts à la guerre. Pour essayer d’avoir une emprise sur sa vie, elle propose à tout bout de champ (à Dieu ? à la vie ?) des marchandages qui ne fonctionnent jamais : « Si je compte jusqu’à dix, mon père va arriver » ; « Si je monte en haut de la montagne, Jimena va guérir ».
Lorsque sa mère revient enfin à la maison, c’est pour lui annoncer l’arrivée imminente d’un petit frère. Cayetana se prépare alors au combat final contre cet usurpateur. Jusqu’à ce qu’une de ses transactions fictives finisse par se réaliser…
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Sur la Planche, de Leïla Kilani, 2011, Maroc
SUR LA PLANCHE
De Leila Kilani, Maroc
Portrait d’une jeune Marocaine en mode de survie, blindée dans sa carapace en béton, à qui l’on s’attache au fil de ses esbroufes, coups fourrés et autres larcins.
Un film nerveux comme son héroïne toujours en mouvement, toujours aux aguets, maniant incessamment la parole comme une arme ou un mantra. Se battre, bluffer, ne jamais arrêter de bouger sinon on tombe. Leila Kilani filme Badia comme une boxeuse sur un ring. Au corps à corps, jusqu’à même sa peau que Badia récure sans arrêt des scories de sa vie, ou de loin dans les moments d’attente avant le combat.
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A signaler encore le portrait poignant d’une mère courage du réalisateur Oliver Hermanus, SHIRLEY ADAMS
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