éditorial
JE EST UNE AUTRE
Dos en couverture
En novembre dernier, George témoignait de l’importance de rebondir, de prendre du recul pour mieux sauter. Aujourd’hui, George paraît, illuminée par un nouveau visage. Un visage?
Oui, un visage à quatre dos: la nouvelle cover tourne une page. Après la collection de portraits sans fards, elle propose aux lectrices et aux lecteurs un nouvel horizon à partager. Elle vous invite à incarner quatre figures témoins et à suivre, par un tour de force, leurs regards invisibles tournés vers les innombrables manières d’être «autre», au pluriel, et au gré des genres.
Être «autre», c’est être à l’image de personnalités irrévérencieuses et troublantes, comme l’icône masquée Yaël Maïm, qui, par les voies de la création, trace un cheminement «du compliqué au complexe». Être «autre», c’est aussi avoir un visage métamorphosé comme Planningtorock qui défait et défie la cohérence du «moi». Être «autre», c’est encore comme Virginie Rebetez dans Portfolia, partir sur les traces de Jane Doe, l’inconnue générique, photographiée de dos.
Quatre dos et un credo: celui qu’Arthur Rimbaud a immortalisé à 17 ans, dans un manifeste révolutionnaire de l’art et de l’être poétiques. Bien avant Simone de Beauvoir, le poète insaisissable y évoque les vertus des poétesses à venir: «La femme trouvera de l’inconnu. (…) Elle trouvera des choses étranges, insondables, repoussantes, délicieuses; nous les prendrons, nous les comprendrons» (1).
Entre détournement et réappropriation, l’affirmation de la cover ouvre par l’ajout du «e», un sens nouveau. Ce sens se veut fluide, non exclusif. George ne tourne pas le dos: elle avance et vous invite, dans un mouvement collectif, à sortir des sentiers battus, d’un pas bondissant – ou plus serein -, mais irrémédiablement impertinent.
(1) Arthur Rimbaud, Seconde Lettre du Voyant à Paul Demeny, 15 mai 1871.