Pour une fois, l’édito était bouclé dans les temps; avant même que le concept de la couverture ne soit posé. Mais voilà, en pleine réflexion autour de celui-ci, résonnaient dans nos têtes les mots de la poète féministe Audre Lorde : «transformer le silence en paroles et en actes» (1).
Et si la couverture en devenait la traduction concrète…

Nous avons donc installé un studio photo léger et éphémère un mercredi matin, en plein marché de Lausanne. L’idée ? Inciter les passant·e·s à dépasser leurs peurs et leurs habitudes et à exprimer leur rugissement intérieur. En clair, il s’agissait de prendre la pose en criant.

Ce «photo-shouting» public a donc été accompagné d’une jolie bande son: entre les «yes!», «youpiiiie!», «yahooo !», «ohhhh !», «go !» l’ambiance était plutôt à la révélation de soi joyeuse et sans ambages. Au total, plus de trente poseuses et poseurs nous ont offert leur voix et leur visage. Certain·e·s ont avoué que ça leur avait fait du bien. Une sensation agréable d’exister dans l’espace public!

Une somme de cris en couverture dont vous entendrez l’écho au fil des pages de ce numéro. Hurlements de joie, protestations véhémentes, cris d’appel, rugissements sourds… chaque histoire est comme un son vital
et puissant qui réveille nos consciences et nous incite à dépasser les bornes, encore.

Bonne lecture non silencieuse!

(1) De l’usage de la colère: la réponse des femmes au racisme, dans Sister Outsider. Essais et propos d’Audre Lorde
 sur la poésie, l’érotisme, le racisme, le sexisme…, Mamamélis, Genève, 2003.