souffrir pour être belle? toi-même!
T’avales ou t’avales pas ?
Pondre douze morveux par choix ou par fatalité, ce n’est pas pareil. La pilule a donné à Madame le pouvoir d’avoir une vie sexuelle sans enfant et à Monsieur le loisir de ne plus trop s’inquiéter des éventuels dommages collatéraux de ses galipettes. Qu’en est-il aujourd’hui? La plupart des femmes optent toujours pour la pilule malgré ses effets secondaires et une tendance bio - nature grandissante. Liberté hier, oppression aujourd’hui?
Depuis son apparition dans les années 50, la pilule contraceptive a provoqué de nombreux débats et a subi une fertile évolution. « La pilule » a changé la vie des femmes. Liberté de choisir de procréer « si je veux et quand je veux ». Et comme conséquence, le rôle de contrôle des naissances a, petit à petit, été reporté sur les épaules ( et l’organisme ) des femmes. Depuis l’aube des temps, les femmes ont tenté de maîtriser leur fertilité : par le biais de préservatifs en lin ou en boyaux d’animaux, de cotons imbibés de jus de citron ou de mercure, voire de crachat dans la bouche d’une grenouille… autant de recettes testées par nos ancêtres qui leur ont parfois valu le titre de sorcière. La plus ancienne de ces techniques contraceptives? Celle du coïtus interruptus : la célèbre « retirette », qui présente le double inconvénient d’être désagréable à pratiquer (tout concentré que doit être le porteur de pénis sur son état d’excitation) et d’être inefficace en termes de contraception.
La pilule a suscité des envolées de la part de certains pour qui le rôle de poule - pondeuse semblait être de mise pour les femmes et qui craignaient les comportements sexuels immodérés qu’elle allait engendrer. Il aura fallu batailler ferme pour obtenir l’accès à cette pilule. On l’a ! On l’a ! Youpi. Seulement voilà : si son invention est répertoriée parmi les événements - clé dans l’histoire de l’égalité entre femmes et hommes , la responsabilité en incombe aujourd’hui principalement aux femmes : si t’oublies ton frichti - hormonal, tu ne viendras pas te plaindre ma grande !
Les moyens de contraception les plus tendance
Au menu, aujourd’hui, nous disposons de divers moyens pour inhiber l’ovulation : la pilule contraceptive, mais aussi le patch, l’implant ou l’anneau vaginal. C’est dire si la contraception hormonale est passée au statut de normalité. « En Suisse, en 2007, sur les 3 866 500 femmes que comptait notre pays, 2 857 114 d’entre elles auraient eu recours à la pilule », comptabilise l’Office fédéral de la statistique. Une jeune fille qui parlera de ses premières expériences hétérosexuelles se verra prescrire, par son / sa gynécologue, un contraceptif hormonal. Et elle réduira le risque de se retrouver mère avant le certif ou le bac.
Mais comment faire autrement? On a déjà évoqué l’abstinence, dont nous laisserons à d’autres, plus inspirés, le soin de vanter les mérites. Il existe des moyens de contraception physique comme le stérilet, le diaphragme ou le préservatif (féminin ou masculin) et des moyens dits naturels qui exigent un suivi minutieux des signes physiologiques indiquant les périodes de fertilité. La tendance mainstream actuelle est de dire que la pilule nouvelle génération est le moyen de contraception le plus efficace, le plus pratique et qui, cadeau bonus, nous règle comme des horloges tout en réduisant les douleurs menstruelles. C’est pas beau ça? Avant, c’était moins bien : on prenait du poids, on avait des maux de tête, des problèmes de peau, des nausées. Aujourd’hui ? Plus rien. Pas vraiment. Il y a eu quelques ratés au compteur : des jeunes femmes ont payé de leur vie la prise de pilule. Bien que rares, ces cas existent. En 2009, en Suisse, trois adolescentes prenant la même pilule ont fait une embolie pulmonaire. Deux en sont mortes, la troisième est gravement handicapée. Même Swissmedic s’est affolé. Et nous n’avons pas évoqué l’explosif cocktail pilule - cigarette.
Aujourd’hui, certaines femmes, choisissent donc de ne plus avaler… Pourquoi ?
J’en connais un au Conseil fédéral qui n’a pas fini de dire que nous sommes bizarres, nous les femmes : d’abord on fait des pieds et des mains pour l’afoir et maintenant on n’en feut plus ! Eh bien oui, c’est ça aussi la liberté. Alors quoi, elles veulent entrer dans le giron catholique? Que nenni. Les femmes ne veulent pas forcément adhérer au « diktat » naturaliste quoiqu’il soit séduisant. Juste prêtes au septième Ciel, mais pas à enquiller huit grossesses consécutives. Comment faire? Vous ne voyez pas? Vraiment pas? Mais si, mais si. Vous LE voyez…L’homme, le chéri, celui qui rechigne parfois à capoter la prunelle de ses yeux, pourrait aussi avaler sa petite pilule, non ?
Que fait la Science ?
La mise au monde d’un enfant concerne
le couple, il semble donc logique que toutes les parties concernées assument une part des contraintes pour maintenir cette option sur le moment de procréer. Mais les scientifiques ont d’abord privilégié l’option féminine pour la contraception hormonale : des millions de spermatozoïdes à gérer contre une poignée d’ovules, c’est vite vu : il est beaucoup plus facile de maîtriser les moins nombreux. Un doute nous assaille : les scientifiques ne sont - ils pas curieux? Ne croient - ils pas aux énormes débouchés potentiels ? L’entreprise pharmaceutique n’a - t - elle pas la langue au sol et des petits dollars qui lui clignotent dans les yeux? Environ une personne sur deux sur cette planète est un homme, ça fait un marché plutôt juteux, non ?
Aujourd’hui, il semble qu’on soit très proche de l’avènement d’une pilule masculine : une équipe de recherche israélienne (emmenée par le Professeur Haïm Breitbart, ndlr) travaille sur le développement d’une molécule qui rendrait les spermatozoïdes incapables de féconder l’ovule. Selon eux, elle devrait être disponible dans un délai de trois ans. Cela donnera une option supplémentaire aux partenaires sexuels. Comme avec la pilule féminine, les maladies sexuellement transmissibles resteront toutefois transmissibles – la liberté de folâtrer sans protection n’est pas encore à l’ordre du jour. Reste à voir si les femmes sont prêtes à croire un homme qui leur dirait : «Ne t’inquiète pas, ma chérie, je prends la pilule.» .
www.alphanet.ch
www.ta-sexualite.com
Réseau francophone Genre en Action :
www.genreenaction.net
Sandra Weber, Nouveau décès dû à la pilule contraceptive : www.24heures.ch/actu/suisse/nouveau-deces-pilule-2009-12-22
La pilule qui a changé le monde, Marie Mathyer, L’illustré online, 11.05.2010 : www.illustre.ch
Young males’ perspectives on pregnancy, fatherhood and condom use : Where does responsibility for birth control lie?, Jennifer L. Smith, Sexual & Reproductive Healthcare, Volume 2, Issue 1, January 2011 ( Pages 37 - 42 ) Copyright © 2010 Elsevier B.V.
The Mina and Everard Goodman Faculty of Life Sciences, Bar-Ilan University, Ramat-Gan, Israel.