souffrir pour être belle? toi-même!

Toxic affairs


Élément incontournable du monde du spectacle, où il permet d’accentuer ou de transformer les traits, le maquillage fait partie des accessoires de la plupart des femmes. Et les hommes sont de plus en plus sollicités par l’industrie cosmétique pour se faire beaux eux aussi. Réjouissons-nous: colorants, solvants et conservateurs à tartiner sur la peau sont aujourd’hui accessibles à tout le monde!

Pour certaines, l’usage de maquillage relève de l’addiction, sans doute liée à des hallucinations perceptives : « j’ai l’air de rien sans maquillage !» … au point de ne pas pouvoir sortir sans parure de camouflage. Le maquillage est une tentative de maîtrise de l’image que l’autre va percevoir. Et je dis tentative, car si c’est souvent réussi, peau lisse, bonne mine et sublimation du regard, il arrive aussi que la malheureuse nous laisse entendre : «non seulement je me trouve moche, mais en plus j’y vois pas clair dans ma salle de bain!». Dans le théâtre de la vie, ayons toutes et tous l’air beau et heureux en nous badigeonnant de substances allergènes, toxiques ou cancérigènes! Ah, si la beauté naturelle pouvait se vendre en tube …

La vieille obsession de notre apparence
Trois mille ans avant J.-C. déjà, les Egyptiens utilisaient rouge à lèvres et maquillage pour les yeux. Dans leur voyage dans l’au-delà, ils emportaient non seulement leurs domestiques et autres babioles, mais également leur vanity case ! Le maquillage leur donnait cette apparence juvénile et fertile, essentielle pour renaître outre-tombe, c’est bien connu. Utilisé par les deux sexes, le maquillage possédait également des vertus pratiques : le fard à paupières noir – pour lequel le mot arabe khôl s’emploie aujourd’hui – éloignait les mouches, protégeait des rayons aveuglants du soleil et servait de désinfectant, grâce au sulfure de plomb et au chlore qu’il contenait. Puis, de la Grèce antique à notre ère, les produits ont plutôt été choisis selon les modes et les significations de chaque couleur. Néron, au Ier siècle, s’éclaircissait la peau avec de la céruse, un pigment blanc à base de plomb, responsable de certains cas de saturnisme. À l’époque de Louis XVI, les nobles se fardaient même pour dormir. Comme dans les films aujourd’hui : le mascara intact au réveil, c’est le nec plus ultra.

Des substances toxiques à la vie dure
Malgré l’expérimentation sur les animaux et les normes restrictives concernant les produits de consommation, il semble que des substances comme le plomb, le mercure, les phtalates, le musc artificiel et autres joyeusetés se trouvent encore dans nos produits cosmétiques (1). Et le prix de ces produits n’est pas une garantie de qualité à ce niveau ( voir encadré).
Greenpeace, le WWF, un réseau de santé publique et le bureau des consom­­mateurs européens se sont associés pour demander une réforme réglementaire, nommée REACH ( Regis­tration, Evaluation and Authorisation of Chemicals) à l’Union Européenne. Depuis juin 2007, REACH oblige notamment l’industrie chimique à abandonner progressivement l’utilisation des substances chimiques dangereuses et à les remplacer par des alternatives plus sûres. En attendant que ces règles soient appliquées par l’industrie, voici comment nous pouvons agir en tant que consommatrices et consommateurs :

a) Je ne me maquille plus, car ma beauté naturelle ne nécessite aucun artifice et ma santé et mon environnement sont importants ( je vais aussi arrêter de fumer, de manger gras et de prendre l’avion, mais chaque chose en son temps…).
b) Je choisis les produits que j’achète selon la garantie qu’ils offrent de non-nocivité pour l’humain et son environnement (voir Guide Cosmétox : www.greenpeace.org).
c) Je fabrique mes propres maquillages avec des fruits rouges et mes néocolors. Au fait, y’a quoi dans les néocolors?

Tout est dans la mesure
Les doses respectent les valeurs réglementaires dans un même produit ? OK. Cela ne garantit en rien que ces doses limites ne sont pas dépassées lorsque nous tartinons goulûment sur notre peau plusieurs cosmétiques différents . « Rien n’est poison, tout est poison : seule la dose fait le poison ! » clamait déjà notre Paracelse national au XV e siècle. Mais Frau Doktor n’a trouvé aucune étude scientifique sur le cumul de substances cosmétiques – sans doute que le maquillage est un sujet décidément trop superficiel…

Références :
1 www.greenpeace.org : TNO – Environnement and Geoscience, Man-made chemicals in personal care products, 2005.
www.consoglobe.com : Les cosmétiques: sains ou toxiques ?, novembre 2006.
2 Référence et informations complémentaires : http://safecosmetics.org
3 Bon-à-savoir, n° 2010-05 (p.32-33).

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