Être une femme en Inde demande un combat quotidien. La question de genre est omniprésente. Les questions d’orientations sexuelle et d’identité restent taboues.

Dans ce pays conservateur, où néanmoins le troisième sexe a été reconnu le 15 avril 2014, vivent des femmes qui ne se considèrent pas comme telles. Une vie sans homme ou comme un homme est l’histoire de Pyara (nom changé). Il se tient loin des medias et des rassemblements LGBT et c’est la première fois qu’il se fait photographier. Pour des raisons professionnelles et sociales, il ne dévoilera cependant pas son visage.

Issu de la classe moyenne aisée, il vit avec sa famille et nous ouvre son quotidien. Très jeune, Pyara a commencé à agir comme un garçon. À son adolescence, il a dû quitter son école car ses actes et gestes étaient jugés déplacés. Il a donc continué son éducation a domicile. Sa famille, tolérante, l’accepte comme il est et met tout en œuvre pour qu’il se sente bien.

La réalité avec le monde extérieur est souvent difficile. À chaque fois que Pyara sort ou répond au téléphone, il espère un «Yes, Sir». Il ne prend cependant pas d’hormones et refuse une opération, à cause des taux de réussite très bas dans le pays. Les toilettes et les lignes de sécurités dans les lieux publiques sont un enfer: il doit sans cesse choisir entre homme ou femme. La loi et la nature semblent contre lui, mais malgré tout, ses actes quotidiens s’assimilent a celui d’un homme.

«Je dois prouver deux fois plus à moi-même que je suis bien une homme», explique-t-il.

Pyara vit dans un milieu très fermé et solidaire. Il a deux bons copains, eux aussi se considérant hommes même si nés femmes, et le soir, quand la nuit tombe, ils se voient pour se raconter leur journée et… leurs histoires de copines.
Pyara a quitté son travail, les questions de mariages étant devenues trop pressantes. Sa vie sociale est donc restreinte. L’Inde est bien loin de l’accepter comme il est. Les pratiques patriarcales du pays sont ancrées et il n’est pas acceptable qu’une femme agisse comme un homme.