sur le vif

George @ Berlinale66

La 66ème édition du festival du film de Berlin a été riche en découvertes et propositions courageuses: George y était aussi et propose ici sa petite sélection de coups de cœur.

San Fu Tian (Dog Days)
Jordan Schiele, Republic Populaire Chinoise, 2016
Crédits image: San Fu Tian, Huang Lu, Tian Muchen ©Jordan Schiele

Lulu vit avec Ba Long et leur enfant à la périphérie de Shanghai. Pour gagner sa vie, elle est danseuse dans un bar destiné à une clientèle masculine. Un soir, Ba Long n’est pas là à l’attendre à l’horaire de sa sortie. En rentrent chez elle, Lulu découvre que Ba Long est parti avec leur bébé de quatre mois à peine. En partant à leur recherche, une piste l’amène dans un bar où s’exhibent des travestis; c’est là qu’elle rencontre Sunny, une femme transsexuelle qui lui avoue avoir une histoire avec Ba Long. Pourtant, Sunny non plus ne sait pas où Ba Long se trouve, ni que l’homme avait une femme et un fils. Lulu et Sunny se rendent donc ensemble à Shanghai où ils espèrent pouvoir retrouver Ba Long, en créant une relation étrange entre complicité et méfiance.

Visuellement magistralement composé, San Fu Tian est un conte de fées pour adultes se déroulant dans un monde chaud, humide et vaporeux comme les rêves. C’est une histoire d’amour et de séparation qui parle de maternité, amitié et proximité: Lulu, Ba Long, Sunny, se cherchent et s’échappent, se retrouvent et se séparent sans jamais vraiment se comprendre. D’ailleurs, cela est-il vraiment possible? Qu’est-ce qui nous fait nous sentir proches de quelqu’un, qu’est-ce qui nous divise?

Brüder der Nacht
Patric Chiha, Autriche, 2016
Crédits image: Brüder der Nacht, Patric Chiha © WildART Film

À moitié documentaire et à moitié mise-en-scène, Brüder der Nacht nous présente les quotidiens de jeunes Roms qui arrivent à Vienne depuis la Bulgarie en cherchant du travail et qui finissent par se prostituer dans des locaux pour homosexuels.

La plupart des jeunes prostitués ont moins de 22 ans. Ils ont quitté leur famille en Bulgarie en essayant de s’échapper à la misère des communautés gitanes, des groupes invisibles aux yeux mêmes de la société bulgare. Eradiqués, se confrontant à un monde différent et une langue nouvelle, la majorité d’entre eux découvrent que l’Autriche n’est pas le paradis rêvé et que les possibilités de travail sont aussi très limitées. Très facilement, ils rentrent alors dans l’univers nocturne des bars avec une clientèle exclusivement masculine en quête de jeunes corps pour satisfaire leurs envies le temps de quelques heures. Les prostitués, quoique rarement homosexuels eux-mêmes, acceptent malgré tout pour l’argent. Certains d’entre eux sont mariés depuis leur plus jeune âge, 16 ou 17 ans, et grâce à leur travail à Vienne arrivent à entretenir leurs femmes et leurs enfants.

Des nouvelles familles se créent, chacune liée à un endroit spécifique, des communautés composées entièrement d’hommes qui vivent, travaillent, souffrent et combattent ensemble; Bruder der Nacht est un portrait poétique d’une génération de jeunes adultes, un coup de projecteur sur un aspect tabou de la communauté Roms et de la société viennoise contemporaines.

Sufat Choi (Sand Storm)
Eli Zexer, Israel, 2015
Crédits image: Sufat Choi, Jalal Masarwa, Lamis Ammar © Vered Adir

Layla est bédouine et vit dans un village très pauvre de la Palestine. Adolescente, l’aînée de quatre sœurs, elle doit faire face aux structures rigides d’une société patriarcale qui lutte, d’une part, pour sa survie dans une région constamment menacée par l’occupation israélienne, d’autre part, pour sauvegarder ses traditions ancestrales.

Son père, Soulimane, épouse une deuxième femme, ce qui affecte profondément sa mère qui, quand elle découvre que Layla échange des messages avec un camarade d’école dont elle est amoureuse, lui interdit de continuer à le voir en lui empêchant de se rendre aux cours. Layla s’oppose à sa mère et espère trouver de l’écoute chez son père qui est aussi celui qui lui a appris à conduire même si ce n’est pas approprié pour une femme. Malgré cette ouverture apparente, Soulimane refuse d’accepter la requête de sa fille d’organiser un mariage « d’amour »: elle a été déjà promise à un homme du village, bien plus vieux qu’elle, mais avec une bonne réputation. Le destin de Layla est donc déjà écrit et sans aucune possibilité d’alternative.

Sufat Choi (tempête de sable en dialecte bédouin) est l’histoire touchante d’une jeune femme courageuse qui ne veut pas accepter son destin, un destin purement établi en conséquence de son sexe biologique. La réalisatrice israélienne Eli Zexer rend visible une réalité dont on ne parle pas, surtout en Israël, car liée à l’histoire d’occupation des territoires palestiniens et touchant des tribus qui vivent dans des conditions d’extrêmes pauvreté et isolement. Les dialogues entre Layla et Soulimane deviennent ainsi les représentations d’un monde arabe qui se sent culturellement attaqué, tout en essayent de se moderniser: comment garder sa propre identité et ses traditions si l’on ne fait plus « ce qu’il faut faire » en tant qu’hommes et femmes?

KIKI
Sara Jordenö, USA/Suède, 2016
Crédits image: KIKI, Sara Jordenö ©Naiti Gámez

«Kiki» signifie «s’amuser» dans le slang de la communauté LGBTQ noire de New York city. Et KIKI, c’est aussi le film documentaire proposé par la jeune réalisatrice suédoise Sara Jordenö qui, pendant quatre ans, a filmé, nuit après nuit, les histoires et les vies des membres de cette famille aux facettes multiples.

Se mettre en scène, danser, s’affirmer pour s’accepter et se retrouver dans un environnement où l’on n’est plus considéré-e-s comme des paria de la société, Kiki est un vibrant hommage à Paris is Burning 25 ans après. Il en partage le même regard sur les shows drag queens, le même équilibre délicat entre extase, souffrance et recherche d’acceptation aux yeux d’une société qui aux étiquettes « jeune » et « noire » rajoute aussi celles de « gay », « trans » ou « queer ». Par le biais de « maisons de danse » se forment des groupes qui, chaque semaine, se battent aux derniers bals et aux meilleurs costumes.

Un documentaire intense où l’on montre aussi l’importance de l’existence de ces « maisons » -où les membres plus anciens s’appellent « mères » et « pères » et les novices « fils » et « filles »: elles agissent surtout en tant que groupes, spontanés et autogérés, d’accueil et de soutien aux jeunes qui, à cause de leur homosexualité, n’ont plus de maison. Des espaces de confrontation aussi, où l’on construit les bases d’un discours politique prenant l’inclusion pour tous et le dépassement des discriminations liées aux genre.

United States of Love
Tomasz Wasilewski, Pologne/Suède, 2016
Crédits image: United States of Love, Łukasz Simlat, Michał Grzybowski, Magdalena Cielecka, Marta Nieradkiewicz, Julia Kijowska © Oleg Mutu

Marzena, Agata et Iza: trois femmes, trois sœurs, trois histoires qui s’entremêlent dans un petit village polonais à la fin des années 1980. Agata est mère et femme au foyer, Iza est la directrice de l’école du village, Marzena est prof de sport et donne des cours de gym aux retraitées et de danse aux plus jeunes. Les trois femmes vivent dans le même bâtiment et, bien qu’elles mènent des vies très différentes, elles partagent le même sentiment de frustration concernant leurs vies amoureuses, incarnant trois personnages qui deviennent des archétypes tragiques. Agata est, en effet, amoureuse du jeune curé et vit emprisonnée dans sa condition de mère, d’une part, et dans la quête de quelqu’un d’inaccessible. Iza a été longtemps l’amante du médecin du village; quand sa femme décède, le laissant seul avec leur petite fille, Iza croit qu’il est enfin arrivé le moment pour elle d’officialiser sa relation clandestine. Cependant, elle n’a pas prévu la décision du médecin de terminer leur histoire. Marzena, la plus jeune des trois, a une histoire à distance avec un photographe qui vit de l’autre côté du rideau de fer et qui passe la visiter de temps en temps; pourtant, l’homme ne semble pas ressentir le moindre sentiment d’affection pour Marzena, arrivant même à profiter d’elle, inconsciente à cause d’une surconsommation d’alcool.

United States of Love est structuré visuellement, présentant une palette de couleurs froides et des scènes cadrées comme des tableaux. La violence émotive des histoires des trois femmes jaillit tout comme leur lutte incarnant les métaphores d’un pays à l’orée d’un changement radical.

Comments
2 commentaires to “George @ Berlinale66”
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