bande originale
tokimonsta, rabbit beats from L.A.
Première femme signée sur le label de l’illustre Flying Lotus, fer de lance de l’hybridation entre musique électronique et hip hop, la Californienne aux origines coréennes Tokimonsta – Jennifer Lee, de son vrai nom – est l’une des nouvelles musiciennes à suivre en 2010. Avant de découvrir ses 10 morceaux préférés du moment, petite interview à distance pour faire connaissance.
George: Selon votre bio, vous avez suivi des cours de piano classique dans votre jeunesse. Pourquoi avoir abandonné cette voie?
Tokimonsta: Je l’ai abandonnée parce que je m’ennuyais. C’était devenu répétitif et lassant – apprendre un morceau, répéter le morceau, puis en apprendre un nouveau, etc. J’aurais peut-être persévéré si cette formation s’était ouverte vers d’autres domaines, mais je ne le voyais pas venir. Il y a une blague récurrente dans ma famille, comme quoi je suis incapable de jouer un morceau entier de musique au piano, ce qui est totalement faux!
Les milieux rock et hip hop sont depuis toujours – pour diverses raisons – plutôt masculins. On aurait pu penser que ce serait différent dans la musique électronique, mais il y a peu de musiciennes dans ce milieu également. Pourquoi, à votre avis?
Sans faire de généralités, je pense que beaucoup de femmes sont plus attirées par les aspects plus intuitifs de la musique, comme l’écriture de chansons, le chant ou le jeu d’un instrument. La musique électronique est technique au niveau du détail, en comparaison avec la pratique d’un instrument. Un morceau électronique est d’autant meilleur qu’il a une sonorité unique, ce qui peut nécessiter l’ajustement de 500 réglages différents.
Quand vous vous produisez en live avec d’autres artistes, vous devez souvent être la seule femme sur l’affiche, au milieu d’hommes. Est-ce que cela vous pose un problème?
Non, ça ne me gêne pas du tout. Je suis un peu comme «la fille de la bande», et on ne me traite pas différemment des autres, surtout à L.A. D’ailleurs, le sexe d’un musicien n’a pas d’importance pour moi, seule compte la qualité de la musique qu’il ou elle crée.
Dans l’autre sens, accepteriez-vous de faire partie d’une affiche entièrement féminine?
Oui, ce serait cool… du moment qu’il s’agit de musiciennes intéressantes.
Il n’y a rien de pire que de faire partie d’une soirée purement féminine, si le seul prétexte est que nous sommes des femmes.
La raison devrait d’abord être que nous sommes de bonnes musiciennes, puis ensuite des femmes.
Il me semble retrouver dans votre musique une «touche asiatique» originale, rappelant parfois le hip hop et la musique électronique japonaise. Dans quelle mesure votre origine a-t-elle une influence sur vos créations?
Je suis d’origine coréenne, mais j’ai beaucoup de liens avec le Japon, à travers des amis musiciens comme Shing02. Je pense que le trip hop des débuts du japonais DJ Krush a eu une grande influence sur moi, tout autant que les américains J Dilla, DJ Premier et DJ Shadow. Je n’ai pas vraiment écouté beaucoup de musiques coréennes ou japonaises dans ma jeunesse; plutôt des musiques américaines: hip hop, rock et house. Adulte, je me suis mise à m’intéresser à la musique traditionnelle de Corée, parce que je pense qu’elle risque de disparaître noyée dans un océan de musique pop coréenne. Mais je suis encore dans une phase
d’apprentissage, car mes connaissances en musique traditionnelle
sont limitées.
Le premier mini album de Tokimonsta, Cosmic Intoxication EP, a été publié cette année sur le label Ramp Recordings; il est disponible en format digital sur iTune, Bleep ou Boomkat.
www.myspace.com/tokibeats
www.tokimonsta.com