souffrir pour être belle? toi-même!

Talons hauts: altitude vs attitude

Accessoires de mode très courus et souvent addictifs, symboles de séduction et véritable graal des fétichistes, les talons hauts percutent les notions d’altitude et d’attitude. Toutefois, ils entraînent aussi des effets secondaires, qui menacent l’équilibre et l’harmonie du corps.
Et le corset, c’était chic, non?

Pourquoi mettons-nous des talons hauts? Pour être élégante, avoir de l’allure, être plus grande ou sexy? Admettons. Mais qui décide ce qui est élégant ou séduisant? Vous me direz: la mode! Et la mode qui la définit? Nous! Réfléchissons donc où nous allons mettre les pieds avant de suivre à pas chaloupés les tendances dominantes.

Ce que nous apprend l’histoire
Les premiers talons hauts auraient été portés par des bouchers de l’Egypte Ancienne, qui s’élevaient ainsi pour éviter de barboter dans le sang de leurs victimes. De nombreux siècles plus tard, Catherine de Médicis se fait fabriquer des talons pour être à la hauteur du duc d’Orléans qu’elle s’apprête à épou­ser. Au 17e, les talons hauts deviennent, pour les nobles des deux sexes, le signe concret de l’élévation sociale, du luxe et des privilèges. Au 18e, les talons des femmes sont devenus tellement hauts que celles-ci se déplacent à l’aide d’une canne! La fin de ce siècle voit les têtes des aristocrates tomber, et leurs chaussures se ratiboiser, comme une preuve tangible de leur mise à niveau. La mode des talons hauts connaît alors des hauts et des bas, notamment après la première guerre mondiale lorsque les femmes exigent des vêtements fonctionnels. Aujourd’hui, les talons hauts piétinent les podiums des défilés, les moquettes des réceptions exclusives, les sols fonctionnels des bureaux. Ils s’affichent dans les magazines et s’exposent dans les magasins, semblant guetter toutes celles qui, prêtes à se damner pour une nouvelle paire, repartiront en vacillant sur des chaussures qui feraient pâlir de petitesse Louis XIV. Il est d’ailleurs intéressant de noter que cette tendance peine à s’affaiblir auprès des femmes d’aujourd’hui qui, bien loin d’une oisiveté toute aristocratique, sont actives sur de nombreux terrains.

Ce que nous apprend la physique
Les talons hauts provoquent des mouvements du bassin (communément nommé style déhanché) durant la marche et courbent le bas du dos (communément nommé dos cambré).
Si la vulnérabilité ainsi affichée a pour effet d’attirer le regard, de séduire, d’appâter, la mobilité de l’individu perché s’en trouve fort affectée. Les talons constituent un réel handicap pour la marche et mettent en péril toute intention de course.
Mais observons de plus près les répercussions du port de talons hauts sur le corps. En poussant le centre de gravité vers l’avant, les talons obligent à se cambrer dangereusement pour éviter d’embrasser brusquement le sol avec passion. Cela va aussi augmenter la pression sur l’avant des pieds qui vont s’enfoncer dans leurs jolies chaussures étroites (ça me fait de si longues jambes!).

Les répercussions sur ma santé vont dépendre non-seulement de la hauteur des talons et de la forme de la chaussure, mais aussi de la fréquence à laquelle j’en porte et de ma physionomie. Utilisons-les donc en connaissance de cause et avec modération!

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FAITES LE TEST!
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Alors bon… comment signifier que mon cul est beau sans me bousiller le dos, les jambes et me déformer
les pieds?

a) J’mets mes talons à l’envers de temps en temps… pour compenser!

b) Je fous George à la poubelle parce que mon système musculo-squelettique à moi, il est «différent»!

c) Je choisis des chaussures qui res­pec­tent mon corps, et je contribue à rendre sexy les femmes sans accessoire fétichiste… juste avec mon corps… non-déformé.

Le mot de la fin
Quand je descends une pente escarpée ornée de petits pavés bosselés, plutôt que de dire «putain, fait chier
ces pavés!» ne devrais-je pas dire «sapristi! quelle crotte ces talons!»?

Références:

  • Biomechanical effects of wearing high-heeled shoes Chang-Min Lee et al., 2001. International journal of industrial ergonomics 28, 321 326. Elsevier.
  • Women’s shoes and knee osteoarthritis D. Casey Kerrigan et al., 2001. American academy of orthopaedic surgeons. American apparel & footwear association. American orthopaedic foot & ankle society, Mayo clinic, Society of chiropodists and podiatrists. The Lancet 35: 1097-1098.
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